Ma vérité sur le tour du monde en solo

Voilà maintenant un mois et demi que j’ai quitté ma France natale pour me lancer dans un tour du monde en solo. A un tiers du voyage, je tenais à dresser un premier bilan.

Sur ce blog, vous ne voyez, en général, que la partie découverte, les plages, les randonnées, la culture… Je vous parle assez peu de ce que je ressens ou de mes expériences négatives. Alors, pour une fois, j’ai décidé de vous montrer mon envers du décor.

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Il y a donc un mois et demi, j’ai quitté mon petit chez-moi et mon confort pour partir faire un tour du monde. J’ai de la chance de faire un métier flexible qui me permet de voyager quand je veux. Et je n’ai pas de petit copain/compagnon/mari. Du coup, on ne peut pas dire que j’aie tout plaqué. C’était une décision mûrement réfléchie. De plus, ce n’était pas la première fois que je partais. Vous savez déjà que j’ai vécu deux ans au Japon et que j’ai crapahuté un peu partout dans le monde. En revanche, c’est la première fois que j’entreprends un tour du monde en solo en sac à dos et, en toute franchise, je ne me suis pas trop posé de questions avant le départ. Je me suis dit que je verrais sur le tas.

Alors, non, je ne vais pas vous mentir, ni pleurer sur mon sort : c’est une expérience formidable. Vous le voyez bien à travers mes articles et mes messages Facebook. Je vois des choses extraordinaires. Je vis comme jamais. Je teste mes limites. Il n’y a qu’à voir mes photos du Red Centre (Je ne vous en ai pas encore parlé ici.)

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J’apprends beaucoup. Sur la culture aborigène, par exemple. Mais aussi sur moi-même. Ce n’est pas un mythe. Quand on se retrouve seule en terrain inconnu, avec des étrangers, il y a forcément quelques aspects de notre personnalité qui ressortent. On apprend à connaitre ses goûts, à tester nos limites, comme je le disais, on affûte notre capacité de jugement. Quand on fait un tour du monde, on doit faire des choix rapidement: explorer tel endroit, en laisser tomber un autre… On gère un budget et un planning serré… Bref, ce n’est pas de tout repos et je trouve ça vraiment très formateur.

On rencontre également des gens très différents. Il y a ceux qui vous marquent. Et ceux qui sont déjà sortis de votre esprit. Comme la danseuse singapourienne un peu fofolle avec qui j’ai chanté « 1km à pied » ou le Californien qui a plaqué son boulot dans la finance pour venir étudier le oiseaux. Autant de profils qui entrent en collision. Ca fait aussi partie de l’intérêt d’un tel voyage. En entendant le parcours de chacun, on le compare forcément au sien et on en tire des petites choses : des conseils, des mises en garde, des idées pour sa propre vie pendant le tour du monde, mais aussi après.

Tout ça, c’est la partie positive.

Après, il y a les moments plus difficiles.

Je n’ai pas encore vécu de vraie déconvenue. Mais voyager seule, c’est forcément s’exposer à… la solitude ! Je sais : incroyable !

Il y a des moments où la famille et les amis manquent atrocement. Des moments où l’on aimerait tout simplement partager tout ça avec quelqu’un de familier, qui nous connait vraiment. Parce que des fois, on en a marre d’aller vers de nouvelles personnes. De tout recommencer à zéro.

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Il y a aussi les moments de déception, de déprime. Quand je suis arrivée à Sydney, par exemple, j’avais passé tellement de temps dans la nature que me retrouver dans une ville aussi grande m’a secouée. Ne vous méprenez pas, Sydney est une ville sympa, mais je n’avais qu’une envie : m’enfuir le plus loin possible. Le fait que je tombe malade (un mélange d’insolation et de fatigue accumulée) n’a pas arrangé les choses. Tout ça pour dire qu’on ne contrôle jamais ses réactions. Ce n’était pas du tout la façon dont je m’imaginais découvrir Sydney. Et j’y retournerai sans doute avant mon départ pour y remédier.

Après ce passage à Sydney, je me suis sentie plus fragile que jamais. Je ne savais pas où j’allais. J’ai même remis les bienfondés de ce tour du monde en question… Et puis, je suis allée me promener dans les Blue Mountains, j’ai fait du canyoning et j’ai relevé la tête, tout simplement. Je me suis rappelée que je vivais une expérience formidable. Je le sais. J’en suis consciente.

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J’aime la vie que je me suis créée.

Il n’empêche que le moral nous joue parfois des tours. On ne peut pas toujours être à 100%. Moi, en tout cas, j’en suis incapable.

Je ne sais pas si vous avez déjà vécu ça. Mais j’aimerais beaucoup lire votre point de vue et vos expériences.

Et après ce petit aparté, on reprendra le cours normal des publications.

25 réponses à “Ma vérité sur le tour du monde en solo

  1. J’adore lire ce qui se passe en coulisses, pour ma part. Je suis donc ravie d’avoir tes « vraies » impressions personnelles. Moi je suis une flippette des gens alors je me demande toujours comment une femme qui voyage seule jauge les gens de confiance et comment elle dort la nuit dans sa tente, sans se sentir vulnérable? Bravo à toi! Bises.

    • Alors pour ma part, je ne dors pas dans une tente. Je m’accorde le luxe relatif des auberges de jeunesse… après, pour la confiance, je dirais qu’elle reste superficielle. Je ne me place jamais en position de faiblesse et je mets toujours mes affaires sous clé.
      Merci pour ton commentaire 🙂

  2. j’admire assez ton voyage ! Je sais que je ne serais pas capable de me lancer dans un tour du monde. Deja parce que j’aime profiter, meme longtemps apres, d’une destination. Le fait d’avoir un retour aux habitudes entre 2 voyages me permet de savourer l’expérience faite, sans la mélanger dans ma tête avec une autre, mais aussi parce que j’aurais trop besoin de retourner chez moi au bout de quelques mois (1 mois ou 2) tellement mes amis et ma famille sont présents dans ma vie…

    Du coup je vis un peu ca par procuration sur ton blog, et c’est super d’avoir aussi ton ressenti. Ca nous plonge plus dans l’aventure.

    • Oui, je comprends ce besoin de faire une coupure. J’essaie de le faire en m’accordant des « jours de repos », des jours où je ne fais rien.
      Je suis très famille moi aussi, paradoxalement. Mais je prends aussi plaisir à leur faire vivre mes aventures…
      Merci pour ton commentaire 🙂

  3. Très beau compte-rendu. Bon courage pour la suite ! Même si ce n’est pas vraiment une solution, internet est là avec tous ses outils pour rester en contact avec famille et amis.
    Le blog est aussi une bonne façon de vaincre les premiers symptômes de solitude.

  4. Je n’ai jamais fait de voyage comme le tien et je supporte très mal la solitude. Aussi je te comprends, ce doit être formidable mais tu as droit à des coups de mou. Je pense que sur une longue période il est difficile d’être à 100% tout le temps !

  5. Une de mes amies part au Japon pour la première fois. Elle n’a jamais voyagé et rêve de visiter le Japon depuis des années, en toute connaissance de cause sur la situation sanitaire.

    Elle part seule. Et je trouve que c’est formidable.
    Si je ne suis jamais partie seule, j’ai été là-bas hébergée chez une personne qui travaillait. J’ai donc eu la chance d’avoir à la fois l’expérience de partager certaines visites, certaines expérience et à la fois, je me suis confronté à la solitude.

    Je crois qu’il y a des rencontres, des émotions qu’on ne peut ressentir que seul. Je crois aussi que partir seul permet d’affronter ses peurs mais aussi ses angoisses sourdes. Le voyage nous transforme mais aussi, paradoxalement, nous reconnecter avec ce que l’on est au plus profond. Ce que l’on né avant qu’éducation et société nous modèlent, nous tordent et nous forcent à entrer dans des cadres, dans la norme.

    Cela ne me surprend pas que tu es des moments de solitude, des moments de blues. Même si on choisit une situation, aussi extraordinaire soit-elle, tout n’est jamais une longue euphorie infinie. Et c’est pour cela aussi que la vie est précieuse, que l’expérience est riche.

    Tu vis un truc tellement fort, tellement courageux que les mots me manquent pour exprimer mon admiration. Je ne suis jamais partie seule parce que j’ai trop peur. J’ai aussi une attache sentimental qui limite la durée de mes voyages. Un mois au Japon sans la Moustache était difficile pour tout les deux.

    Alors, quand je te vois, avec ton sac à dos, tes yeux curieux et tes doutes, vadrouiller à l’autre bout du monde, je suis reconnaissante que tu prennent la peine de t’arrêter un peu, d’écrire un article, de mettre quelques photos.

    Tu partages. Pas comme si tu avais une amie à tes côtés, mais tu partages ici, avec de parfaits inconnus ou presque, qui comme moi, profites de ton voyage. Je sais que je ne me lancerai pas dans un tour du monde seule. Mais, grâce à toi, je le vis quand même.

    Je t’en remercie 🙂

    • Tout d’abord, un grand merci pour ton long message. Je crois que tu as parfaitement capté l’essence de mon article. Et si je ne pense pas faire quelque chose d’extraordinaire en voyageant ainsi, je suis contente de pouvoir te faire profiter de ces paysages et de mon expérience. Alors, merci à toi, d’être là, derrière ton ordi.

  6. Merci pour ton témoignage 🙂 Je comprends bien de quoi tu veux parler même si je n’ai jamais voyagé seule aussi longtemps.

    Au bout de mes 4 mois de voyage l’été dernier y’avait des moments où j’avais bien le moral dans les chaussettes. Lors de mon voyage en bus de Malaisie à Singapour j’en pouvais vraiment plus d’enchaîner bus en retard, maladie sur la route et locaux incapables de me renseigner. J’avais de la chance de partager la route avec un autre français que j’avais rencontré et franchement je ne sais pas ce que j’aurais fait sans lui ! Pas tellement parce que je me reposais sur lui mais justement parce que je ne voulais pas l’inquiéter alors je me montrais toujours sereine et ne perdais jamais mon sang-froid.

    En tout cas ton voyage en Australie a l’air de marcher comme sur des roulettes ! Ca me fait tout drôle de voir des endroits où j’étais y’a pas si longtemps sur ton blog 🙂

    • Oui, il y a toujours la solution de trouver un compagnon de voyage… je reste ouverte aux propositions.
      Et je suis contente que mon blog te rappelle de bons souvenirs 🙂

  7. C’est beau un article vrai, comme ça.

    Je connais ça, bien sûr on a envie de voir le côté positif, de rire de tout, on sait la chance qu’on a. Personnellement, lors de mes six mois en solitaire en Nouvelle-Zélande, c’est justement mon blog qui me permettait de garder la tête haute. Je voulais trouver du bon dans chaque aventure, trouver la blague, l’ironie qui fait que cette galère est déjà devenue une bonne histoire à raconter. Mais oui, il y a des moments de solitude, et de peur, peut-être même de doutes parfois (ça, c’était en Indonésie pour ma part!). Mais il suffit de partir en escapade et de ressentir cette sensation de liberté pour se rappeler à quel point on est heureux.

    Et le bonheur pèse lourd dans la balance, face à ces tout petits moments de solitude.

    Lorsque j’ai avoué à un couple envier leur situation, être à deux, partager, la nana m’a avoué être jalouse de la mienne. Vivre cette expérience seule, faire ce que je veux, rencontrer encore plus…

    L’herbe est toujours plus verte à côté 🙂

    Bon voyage ! Profite bien.

    • Ah ah, oui, on n’est jamais contents 😉
      Je crois que quand on est seul, le plus dur est de se remotiver quand on a une baisse de régime…
      Merci pour ton commentaire, comme d’habitude 🙂

  8. Merci pour ce beau texte. Même si on se connait depuis presque 15 ans, je découvre à chaque article de jolie chose de toi… Ma Cécile, je pense fort à toi…Tendres Bisous

  9. Allez , courage Cyl , je suis avec toi, de loin . Il est vrai que ce doit être difficile loin de ceux que tu aimes et qui t’aiment…..Continue , c’est juste un coup de blues . Bizzz

  10. Le besoin de partager avec quelqu’un de familier, les mauvaises conditions, j’ai pu expérimenter… même sans faire de tour du monde, rien qu’une petite semaine à Lloret de mar (dont j’ai parlé sur le blog) m’a fait vivre ça : le besoin de trouver quelqu’un avec qui partager qui n’était pas satisfait (j’ai sympathisé avec deux ados le dernier jour, c’était chouette d’enfin voyager « avec » quelqu’un et pas « en même temps » que d’autres), la vulnérabilité (la peur de partir toute seule dans certains endroits)… Je ne pense pas avoir la bonne tactique mais du coup j’essayais de prévoir un maximum en amont pour ne pas me retrouver dans ce genre de conditions, mais bon dans un tour du monde en solo, c’est un peu difficile !

    • Alor, tu comprends ce que je ressens parfois 🙂 c’est difficile de se trouver des partenaires, mais pas impossible. Je verrai. Merci pour ton commentaire !

  11. hello,
    je viens de decouvrir ton blog par hasard en voulant des infos sur la nouvelle zelande, et je viens deja de parcourir une dizaine darticles..
    je suis partie pour ma part il y a 11 mois maintenant de france, apres un passage de 3 semaines en chine et une semaine a hong kong, je suis depuis 9 mois en australie.
    et je suis ravie de voir que tout le monde reagit pareil en tout cas, je peux dire quon est 2 dans ce cas.
    il y a 11 mois, cetait la premiere fois que je partais seule, ne parlant que quelques mots danglais dans un pays a loppose du notre… quelle experience..
    jai pleure, jai doute, je me suis rassuree, puis jai redoute, re pleure et ai repris le dessus, et ceci a des moments ou dautres du voyage mais maintenant quand ca arrive, jarrive mieux a maitriser cette emotion, je la connais, et je peux mieux lapprivoiser si on peut dire ..
    rien nest gagne et je sais que cela arrivera a nouveau mais ce nest plus tout a fait linconnu.
    je menvole pour la nouvelle zelande dans un peu plus dun mois, et ensuite tahiti..
    heureuse de lire tes articles sur la nouvelle zelande, cela ma deja donne envie daller au cape reinga!!
    jattends de lire la suite..
    et pourquestions, quel est ton periple tour du monde? etapes?
    sur ce bonne journee, ou nuit, je ne sais pas ..
    bonne continuation 😉

    • Salut ! Ravie de rencontrer une autre voyageuse 🙂
      C’est drôle car tu vas faire le même chemin que moi. Je suis également allée à Tahiti après la Nouvelle Zélande. Mais moi, je suis déjà rentrée. Je n’avais pas prévu de partir aussi longtemps que toi. Après la Nouvelle Zélande, je suis allée à Tahiti, puis en Californie. J’ai pris un sacré retard sur mon récit, mais je m’y remets petit à petit.
      Maintenant, je fais des voyages un peu plus proches. Il y a beaucoup de choses que je ne connais pas en Europe et en France.
      En tout cas, oui, tu as raison. On passe tous plus ou moins par les mêmes phases. Et quoi qu’il arrive, dis-toi que tu as du courage d’être là où tu es. C’est toi qui l’as choisi, certes, mais c’est en sortant de sa zone de confort que l’on apprend vraiment ce qu’est la vie… enfin, ce n’est que mon opinion. A très bientôt j’espère !

  12. Bonjour j’ai decouvert ton blog car moi aussi j’aimerai un jour partir solo et decouvrir autre choses , j’aimerais beaucoups faire des voyage car je n’est presque jamais bougé de l’endroit ou je resident en tout cas c’est bien se que tu fais et tu as un grand courage j’espere tu vas continue et decouvrir encore un ta de choses

    • Merci beaucoup pour ton mot et pour tes encouragements !
      J’espère qu’à ton tour, tu pourras partir découvrir le monde. Tu sais, ce n’est pas si difficile… tout est une question de timing et de volonté… et un peu d’égoïsme aussi 😉
      Et comme dirait Bilbon : « Il est fort dangereux, Frodon, de sortir de chez soi. On prend la route et, si on ne regarde pas où on met les pieds, on ne sait pas jusqu’où cela peut nous mener. »
      Je suis dans un trip Tolkien ce moment. Sûrement à cause de mes souvenirs de Nouvelle Zélande XD
      En attendant, si tu as la moindre question, n’hésite pas !

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